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Le secteur de la construction de machines et d’équipements a-t-il manqué la marche vers la numérisation ?

Durée de lecture: 4 Minutes 06.12.2022 Actualités & Tendances

Le niveau de productivité actuel de l'industrie est au niveau de 2011

Depuis quelques années déjà, les constructeurs de machines et d'équipements en Allemagne s'engagent dans la numérisation de leur portefeuille de produits et de prestations dans le but d'exploiter également de nouveaux modèles commerciaux. De nombreux investissements ont été réalisés dans les ressources afin de mettre en place et d'agrandir l'infrastructure numérique et différentes approches et concepts innovants ont été essayés ; mais la situation dans le secteur reste confuse et de nombreux défis restent à relever. En effet, malgré la multitude d'efforts et d'investissements, les solutions numériques n'ont pas encore fait de percée à l'échelle du secteur.

Des études récentes, notamment celle de l'association professionnelle allemande VDMA, montrent même qu'il existe un effet négatif sur la productivité malgré d'importants investissements dans les logiciels. Michael Finkler, directeur du Business Development chez proALPHA et membre du conseil d'administration de l'association professionnelle de logiciels et de digitalisation VDMA, fait un état des lieux et formule des recommandations, tout en transmettant un message clair : le niveau de productivité actuel de l'industrie est au même niveau qu'en 2011. Malgré un carnet de commandes en hausse, la productivité dans le secteur de la construction mécanique a baissé et la plupart des entreprises n'ont guère progressé en termes de digitalisation. Zéro progrès de productivité après dix ans d'Industrie 4.0 : ce sont dix ans de perdus.

Mais les crises, telles que la pandémie du COVID-19, montrent clairement à quel point la digitalisation est importante. Les entreprises qui avaient déjà investi dans la mise en place et le développement de leurs compétences numériques bien avant la pandémie ont rencontré moins de difficultés pendant la crise à fournir des services (à distance) à leurs clients, à garder une vue d'ensemble des chaînes d'approvisionnement, à gérer les stocks de manière intelligente et à optimiser le fonctionnement des installations (surtout en ce qui concerne la mise en service et la maintenance).

Qu'est-ce qui empêche donc encore les constructeurs de machines et d'équipements à participer aux plateformes numériques et aux services à valeur ajoutée et de faire évoluer le marché vers le numérique ? Selon l'étude de McKinsey, effectuée pour le compte de l'association VDMA, les principaux obstacles sont l'absence de modèles commerciaux, une pertinence stratégique trop faible et le manque de standards.

Un changement de mentalité est nécessaire

Les constructeurs de machines et d'équipement doivent clairement repenser la numérisation de l'industrie. Il n'est plus seulement primordial de savoir qui peut construire des machines et des installations avec la plus grande finesse technique possible, mais aussi de savoir comment générer la plus grande valeur ajoutée possible pour le client, au-delà de l'offre d'une machine compétitive. Lors du développement de solutions numériques comme les plateformes et les services à valeur ajoutée, le client doit être au centre des préoccupations en tout premier lieu. En outre, les entreprises devraient explorer de nouvelles voies à bien des égards : par exemple, en coopérant avec des concurrents ou en créant des consortiums spécifiques à l'industrie.

Afin de préserver leur position clé à long terme et de profiter de leur proximité des processus et de leur savoir-faire en matière d'installations, les constructeurs de machines et d'équipements doivent poser dès maintenant les jalons de l'avenir numérique. Ils risquent sinon de perdre définitivement le contact sur le plan technologique. La construction de machines et d'équipements restera un secteur attractif à moyen et long terme, mais il est confronté à des changements considérables. Les entreprises doivent reconnaître que les plateformes numériques et les services à valeur ajoutée sont déjà plus qu'un simple complément numérique à leur activité actuelle et qu'ils pourraient être décisifs pour leur compétitivité dans quelques années. Cela ne signifie pas pour autant que les entreprises doivent nécessairement développer leurs propres plateformes ou une large gamme de différents services à valeur ajoutée pour réussir. L'important est de savoir quand et dans quels domaines elles souhaitent promouvoir ou utiliser des standards, afin d'obtenir une plus grande compatibilité avec les systèmes existantsEn outre, il faut s’assurer des domaines dans lesquels il vaut la peine de développer des services à valeur ajoutée ciblés qui apportent des avantages quantifiables aux clients finaux.

Les entreprises qui commencent rapidement à mettre en pratique ces mesures sont celles qui ont le plus de chances de rester compétitives et de s'imposer face aux nouveaux acteurs du marché, tant au niveau national qu'international. Par conséquence, elles devraient prendre dès maintenant les mesures stratégiques appropriées afin de se préparer à l'ère numérique dans leur secteur.

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